Les gouvernements du Liberia et de la Sierra Leone, en partenariat avec les Nations Unies, ont lancé le projet « Resilience, Empowerment, Access and Peacebuilding » (GOLA-REAP), visant à protéger la forêt tropicale de Gola, riche en biodiversité, et à favoriser la paix et le développement durable.
Cette initiative de 4 millions de dollars est financée par le Fonds pour la consolidation de la paix du Secrétaire général des Nations Unies. C'est le principal instrument financier des Nations Unies pour prévenir les conflits et soutenir les réponses conjointes des Nations Unies intégrant les efforts humanitaires, les droits de l'homme et la consolidation de la paix.
La conservation de la biodiversité n'est pas seulement une priorité environnementale pour la Sierra Leone et le Liberia, c'est aussi une stratégie de consolidation de la paix.
La forêt tropicale de Gola, qui s'étend sur environ 700 kilomètres carrés dans les deux pays, abrite une faune variée, dont plus de 300 espèces d'oiseaux et des primates menacés, tels que les hippopotames pygmées, les chimpanzés et les éléphants de forêt.
Malheureusement, nombre de ces espèces sont classées comme mondialement menacées sur la liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature.
Le 27 février 2025, lors du lancement du projet GOLA-REAP à Bo-Waterside, au Liberia, juste de l'autre côté de la frontière avec la Sierra Leone, le gazouillis des oiseaux au-dessus de nos têtes a été ressenti comme une approbation festive de l'initiative visant à protéger leur habitat.
L'initiative renforcera la résilience des communautés frontalières en promouvant l'accès durable aux terres, en donnant aux jeunes et aux femmes les moyens de prévenir et de résoudre les conflits liés à l'utilisation et à l'accès aux ressources naturelles et en améliorant la gestion des forêts.
Elle fournira également une formation sur la prévention et la résolution des conflits, la cartographie des terres à l'initiative des communautés et la surveillance des frontières pour les principales parties prenantes, y compris les dirigeants locaux, les gardes forestiers et les fonctionnaires des frontières.
En favorisant la confiance et la collaboration, le projet renforcera la cohésion sociale, améliorera la gestion des frontières et encouragera l'utilisation durable des ressources.
Une histoire commune
Le Liberia et la Sierra Leone sont plus que de simples voisins ; ils partagent une histoire de coopération économique, de liens culturels et, malheureusement, de conflits passés.
Les deux pays ont connu des guerres civiles brutales dans les années 1990 et des crises de santé publique comme l'épidémie d'Ebola de 2014-2015, qui a fait des dizaines de milliers de morts. Mais aujourd'hui, l'accent est mis sur le développement et la consolidation de la paix.
Une étape cruciale pour atteindre cet objectif consiste à assurer la gestion durable des ressources naturelles. L'exploitation illégale des forêts de Gola menace non seulement la biodiversité, mais perturbe également les moyens de subsistance locaux.
Lors de la cérémonie de lancement, ma collègue Christine N. Umutoni, coordinatrice résidente des Nations Unies au Libéria, et moi-même avons insisté sur la nécessité urgente de mettre un terme à ces activités destructrices.
La déforestation ne détruit pas seulement la flore et la faune, mais aussi un puits de carbone essentiel qui contribue à atténuer le changement climatique et les effets qui en résultent, notamment les conflits liés à la diminution des ressources.
L'argument économique
Au-delà des préoccupations environnementales, la protection de la forêt de Gola a un sens économique.
La forêt a été validée par le Verified Carbon Standard (VCS) et la Climate, Community, and Biodiversity Alliance (CCBA) comme pouvant générer des crédits carbone.
Les rapports indiquent qu'environ 19 millions de tonnes de carbone sont stockées dans la forêt de Gola et que les efforts de conservation pourraient contribuer à réduire les émissions d'un demi-million de tonnes d'équivalent dioxyde de carbone (CO2e) par an.
Il s'agit là d'une opportunité viable pour les deux pays de s'assurer des revenus durables tout en luttant contre le changement climatique.
En outre, la sauvegarde de la forêt de Gola favorise la cohésion sociale et la coopération transfrontalière.
En partant de Freetown, la capitale de la Sierra Leone, en passant par Bo, dans le district sud, jusqu'à Bo-Waterside, au Liberia, j'ai pu constater de visu l'héritage ethnique et culturel commun aux deux pays.
Les habitants des deux rives du fleuve Mano parlent les mêmes langues, se marient entre eux et pratiquent régulièrement le commerce transfrontalier.
Au poste frontière libérien, certains de mes collègues ont acheté des bananes à une Libérienne et les ont payées en leones sierra-léonais, soulignant ainsi les interactions quotidiennes qui lient ces communautés.
In December 2024, Ms. Umutoni traveled in the opposite direction, from Monrovia to Freetown, and was equally struck by the verdant forests and the aspirations of citizens for a better life. The scars of war are fading, replaced by a collective vision for sustainable development and peace.
Engagement des gouvernements
Les gouvernements libérien et sierra-léonais méritent tous deux d'être félicités pour leur engagement en faveur de la conservation de l'environnement.
Le ministre de l'intérieur de la Sierra Leone, Morie Lengor, a parlé avec passion, lors de la cérémonie de lancement, de la nécessité de mettre un terme à l'exploitation forestière illégale et de donner aux communautés locales les moyens de gérer les ressources de manière durable.
De même, le vice-ministre de l'intérieur du Liberia, Edward K. Mulbah, a décrit la forêt de Gola comme un « patrimoine commun et un pilier de la paix, de la sécurité et de la résilience économique ».
L'engagement des deux pays en faveur de la conservation est de longue date. En 2009, ils se sont engagés à créer le parc transfrontalier de la paix de Gola, reconnaissant le lien profond entre la conservation, la paix et les moyens de subsistance durables.
Cet engagement a été renforcé en 2011 par la signature d'un protocole d'accord sur la gestion de la forêt de Gola, réaffirmé en 2020.
Une approche efficace de la consolidation de la paix
Le projet GOLA-REAP s'appuie sur les réussites passées en matière de consolidation de la paix.
De 2021 à 2024, le Fonds pour la consolidation de la paix a soutenu les efforts transfrontaliers entre la Sierra Leone et la Guinée pour renforcer la gouvernance, l'application de la loi et les mécanismes de résolution des conflits.
Cette initiative a permis de réduire les tensions entre les éleveurs de bétail et les cultivateurs, d'améliorer la sécurité aux frontières et de promouvoir les efforts de conservation dans la région de Gola. Les leçons tirées de ce projet sont maintenant appliquées pour assurer le succès de GOLA-REAP.
Alors que nous retournions à Freetown, en nous arrêtant à Bo en chemin, j'ai réfléchi à l'importance de ce projet.
Il est crucial de le mener à bien, non seulement pour la paix et la stabilité de la Sierra Leone et du Liberia, mais aussi pour l'ensemble de la région de l'Union du fleuve Mano et pour l'Afrique dans son ensemble.
Grâce à un leadership gouvernemental fort, à la participation active et à l'appropriation des communautés, ainsi qu'au soutien des partenaires internationaux, le projet GOLA-REAP est bien placé pour transformer les communautés frontalières, renforcer les efforts de conservation et jeter les bases d'une paix durable.
On attend donc beaucoup de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et du Programme alimentaire mondial (PAM), les principales agences de mise en œuvre du projet GOLA-REAP, pour qu'ils tiennent leurs promesses.
Je me réjouis de l'impact que cette initiative aura dans les mois et les années à venir.
Mme Wakana est Coordinatrice résidente des Nations Unies en Sierra Leone.