Dans un coin tranquille de Medina Gounass, à la périphérie de Dakar, au Sénégal, un homme a pris sur lui de redonner vie à un endroit que beaucoup avaient abandonné.
Là où s'étendaient autrefois des montagnes de déchets plastiques, une oasis de verdure a vu le jour, grâce à sa détermination sans faille !
M. Modou Fall, connu sous le nom de « Homme Plastique », incarne une lutte qui va au-delà du recyclage : c'est un activiste, un éducateur et un militant pour une planète plus propre et un avenir plus durable.
De la décharge au sanctuaire
En 2020, alors que le monde était aux prises avec la pandémie de COVID-19, l'Homme de Plastique était investi d'une autre mission. Medina, son quartier, qui était autrefois un lieu vivant et animé de toutes sortes d'activités, est devenu négligé et a vu au fil du temps l'exode de ses habitants. Après des inondations successives, l'endroit s'est peu à peu transformé en un immense dépotoir.
« Au début, il n'y avait rien d'autre que des ordures et quelques murs écroulés », raconte-t-il. « Mais je savais qu'il y avait quelque chose à faire. »
Là où d'autres voyaient un espace irrécupérable, M. Fall a vu un immense potentiel. Avec une équipe de bénévoles, il a commencé à transformer l'espace en plantant des arbres, en mettant en place des expositions éducatives et en réutilisant des matériaux mis au rebut.
« Chaque pièce raconte une histoire. Nous avons récupéré ces objets pour leur donner une nouvelle vie », a-t-il déclaré à Afrique Renouveau lors d'un entretien à Dakar.
Le nettoyage des déchets n'était qu'un début, l'Homme Plastique voulait changer les mentalités en sensibilisant les gens. Il ajoute avec humour : « Le problème n'est pas seulement celui des déchets : « Le problème n'est pas seulement les déchets que nous jetons, mais notre relation avec le plastique.

Grâce à des programmes éducatifs et à des ateliers, M. Fall apprend aux enfants à recycler et à réutiliser des matériaux qu'ils auraient autrement considérés comme des déchets. Il souhaite que ces jeunes ne considèrent pas les déchets comme des ordures, mais comme des matières premières pour la créativité et la durabilité.
Par exemple, les vieux pneus de voiture peuvent être transformés en chaises, tandis que les bouteilles en plastique peuvent être transformées en objets décoratifs.
« Nous devons montrer aux enfants que les déchets peuvent avoir une seconde vie », explique-t-il. « Si nous leur apprenons cela aujourd'hui, ils changeront leurs habitudes demain.
Mais l'éducation ne suffit pas. Il souligne l'importance des changements structurels et appelle à une meilleure réglementation de la gestion des déchets au Sénégal. Il reste un fervent défenseur de politiques de gestion des déchets plus solides et de réglementations environnementales plus strictes. « Si nous n'agissons pas maintenant, la pollution plastique deviendra incontrôlable », prévient-il.
Un engagement
Heureusement, les efforts de l'Homme Plastique ne sont pas passés inaperçus : ils lui ont valu une reconnaissance nationale. Pourtant, cette reconnaissance n'est pas allée sans heurts.
Sans se décourager, il poursuit son combat, dénonçant avec détermination les pratiques néfastes. L'un des principaux problèmes qu'il dénonce est le déversement de produits chimiques toxiques dans la nappe phréatique locale par certaines industries.
« Il y a quelques années, on voyait encore des grenouilles ici. Aujourd'hui, il n'y en a plus. Elles ont toutes disparu », déplore-t-il.
Il note également que, malgré l'interdiction des plastiques à usage unique, les sacs en plastique restent très répandus - vendus, utilisés et jetés dans les rues.

Des projets pour un avenir plus vert
Les ambitions de l'Homme Plastique ne s'arrêtent pas là. Elles s'étendent au-delà de son quartier. Son prochain grand projet ? Un centre de formation écologique où les jeunes pourront apprendre à concevoir et à développer des solutions durables pour lutter contre la pollution.
« Nous devons aller au-delà du simple nettoyage. Nous devons comprendre pourquoi nous en sommes là et trouver des solutions à long terme », insiste-t-il.
Il envisage également un espace où les étudiants pourraient venir regarder des documentaires éducatifs sur l'environnement : « Demain, ce sont eux qui devront protéger cette planète. Il faut qu'ils sachent à quoi s'en tenir ».
Parallèlement, l’Homme Plastique travaille avec des artistes locaux pour créer des œuvres d'art à partir de déchets recyclés. Cette démarche transforme en quelque sorte sa sensibilisation en une expérience immersive et interactive.
« Quand on voit un objet recyclé devenir une œuvre d'art, on comprend immédiatement sa valeur », explique-t-il.
Et il ne s'arrête pas là. Il prévoit également d'organiser régulièrement des campagnes de nettoyage avec les membres de la communauté afin de favoriser une culture de la responsabilité collective. « Si nous faisons cela tous les mois et que nous en faisons une habitude, nous pourrons transformer tout notre environnement.
L'Homme Plastique n'est pas un activiste comme les autres. Il ne se contente pas de slogans ou de discours, il passe à l'action.
« Les gens disent souvent que ce que nous faisons n'est qu'une goutte d'eau dans l'océan. Mais qu'est-ce que l'océan si ce n'est une multitude de gouttes ?
Son parcours est la preuve que la détermination d'une personne peut susciter le changement. Une bouteille en plastique recyclée, un arbre planté, un enfant éduqué : chaque action compte.
Alors que nous nous séparons après l'interview, l'Homme plastique nous laisse sur un message fort :
« Nous sommes les gardiens de cette planète. Chacun d'entre nous a un rôle à jouer. Peu importe d'où nous venons ou ce que nous avons. Ce qui compte, c'est ce que nous faisons. »