« La paix n'est pas un silence que l'on impose aux gens », écrit Maryam Bukar Hassan, artiste et poète nigériane connue sous le nom d'Alhanislam, qui est devenue la première avocate mondiale de la paix des Nations Unies.
La paix « n'est pas l'absence de guerre ; c'est la présence de la compréhension », poursuit-elle dans son dernier poème « Peace is a verb » (La paix est un verbe), écrit pour marquer l'occasion.
Née dans le nord du Nigeria, Bukar a vécu une enfance tragiquement marquée par l'insurrection. Forcée de se déplacer entre les États de Borno et de Kaduna, elle a été le témoin direct des violences dévastatrices perpétrées par des groupes armés comme Boko Haram. C'est dans cette région, il y a plus de dix ans, que près de 300 écolières, connues sous le nom de « filles de Chibok », ont été enlevées par le groupe ; beaucoup sont toujours portées disparues aujourd'hui.
« Je me souviens que la première guerre que j'ai vécue, c'était quand j'avais quatre ans », dit-elle, décrivant une fois où des hommes armés ont fait irruption dans sa maison.
Ils allaient de maison en maison et si vous étiez musulman, ils vous faisaient sortir et vous massacraient.
« Aucun enfant ne devrait se souvenir d'une telle chose à l'âge de quatre ans. Ils devraient se souvenir des sourires, et non du fait qu'ils ont failli être tués parce qu'ils étaient musulmans ou chrétiens.»
Résilience et espoir
Le poème de Mme Bukar ne se contente pas de rendre compte de son expérience vécue, il raconte également l'histoire de la lutte et de la résilience des personnes confrontées à des crises et à des conflits. Il exhorte les gens à donner une chance à la paix.
«Je voulais résumer l'esprit humain. Les gens ne se réveillent pas un jour en décidant de se bombarder les uns les autres. Cela vient de l'histoire, de l'absence de choix, du ressentiment. C'est la guerre du cœur».
Pour Mme Bukar, investir dans la paix signifie s'attaquer aux causes profondes de la violence et des conflits. Elle imagine un monde pacifique « où les dirigeants du monde discutent réellement de la manière dont les citoyens peuvent bénéficier et s'épanouir dans leur propre pays et se sentir enracinés ».
« Les gens n'ont pas à regarder par-dessus leur épaule quand ils marchent dans la rue ; les gens de différentes cultures parlent les uns pour les autres ; où les armes à feu sont réduites au silence ; où nos vulnérabilités ne sont pas militarisées ; où la migration n'est pas perçue comme un fardeau mais comme une opportunité ; où les enfants peuvent réellement errer librement dans les rues et ne sont pas affamés ; et où nous apprenons vraiment à nous faire confiance et à ne pas vivre dans la peur. »
La désignation de Bukar intervient alors que les Nations Unies fêtent leurs 80 ans, dans un monde aux prises avec des niveaux records de souffrance humaine. Rien que l'année dernière, les conflits ont fait près de 50 000 morts et plus de 120 millions de personnes ont été déplacées de force.
Les cas de disparition forcée, de torture, de traitement inhumain et d'autres traumatismes restent nombreux. La faim provoquée par les conflits a atteint des niveaux alarmants. Les Nations Unies estiment que, si les tendances actuelles se poursuivent, les deux tiers des pauvres de la planète vivront dans des pays touchés par des conflits ou fragiles d'ici 2030.
« Le temps et l'énergie consacrés par le Global Advocate à cet effort permettront de mieux faire connaître les priorités des Nations Unies en matière de paix et de sécurité », déclare Jean-Pierre Lacroix, qui dirige les opérations de paix des Nations Unies.
Représentant le pilier de la paix et de la sécurité des Nations Unies, qui se compose des opérations de paix des Nations Unies et des affaires politiques et de consolidation de la paix, Bukar tirera parti de son influence pour soutenir les efforts de paix de l'organisation, en se concentrant sur l'avancement des droits et la représentation significative des femmes et des jeunes par le biais de l'art, de la narration et du plaidoyer public.
« L'art a le pouvoir d'émouvoir les cœurs, d'inspirer l'action et de rassembler les communautés », déclare la responsable des Affaires politiques et de consolidation de la paix des Nations Unies, Rosemary DiCarlo. « Sa voix sera une partenaire importante pour amplifier les efforts des Nations Unies visant à faire avancer les solutions politiques, à autonomiser les jeunes et les femmes, et à pérenniser la paix. »
Le message de Bukar est un message d'espoir qui a une résonance particulière pour les jeunes qui portent souvent le poids des conflits ou se sentent paralysés par les crises mondiales.
"Se sentir dépassé ne signifie pas que l'on est impuissant, et l'on n'est pas trop petit pour faire la différence. Le monde peut sembler lourd, mais votre voix, vos choix, votre compassion comptent tant que nous ne renonçons pas à nous manifester de quelque manière que ce soit."