L'île de Gorée, au large de Dakar, est un bien triste souvenir de la traite négrière transatlantique. Classée au patrimoine mondial de l'UNESCO, elle incarne à la fois le devoir de mémoire et le défi de la transmission d'un passé douloureux. Mais Gorée n'est pas figée dans l'histoire, c'est une île habitée, où se côtoient préservation du patrimoine, vie quotidienne et enjeux contemporains.
Située à environ 3 kilomètres de Dakar, la capitale du Sénégal, Gorée est une petite île que l'on ne peut atteindre que par ferry. Sa petite taille n'enlève rien à la place importante qu'elle occupe dans l'histoire, à son importance dans la traite transatlantique des esclaves et à son rôle toujours d'actualité dans la préservation de la mémoire et du patrimoine de la diaspora africaine dans le monde entier.
« C'est un lieu de mémoire », explique Eloi Coly, directeur et conservateur du musée de l'île. « On ne peut pas parler de l'île sans évoquer la traite négrière et l'époque coloniale, car ces deux périodes ont marqué son histoire », ajoute-t-il.
La Maison des Esclaves et son musée, que dirige M. Coly, sont les principales attractions touristiques. Située à environ 3 kilomètres de Dakar, la capitale du Sénégal, Gorée est une petite île que l'on ne peut atteindre que par ferry. Sa petite taille n'enlève rien à la place importante qu'elle occupe dans l'histoire, à son importance dans la traite transatlantique des esclaves et à son rôle toujours d'actualité dans la préservation de la mémoire et du patrimoine des diasporas africaines dans le monde entier.
« C'est un lieu de mémoire », explique Eloi Coly, directeur et conservateur du musée de l'île. « On ne peut pas parler de l'île sans évoquer la traite négrière et l'époque coloniale, car ces deux périodes ont marqué son histoire », ajoute-t-il.
La Maison des Esclaves et son musée, que dirige M. Coly, sont les principales attractions touristiques.
Là, les échos du passé résonnent toujours.
Par une matinée ensoleillée de décembre, des centaines de touristes qui ont traversé l'Atlantique en ferry depuis Dakar se pressent sur le parvis de la Maison des Esclaves, attendant d'être conduits dans les allées étroites et les salles du musée, le long des derniers chemins empruntés par des millions d'Africains violemment arrachés à leurs terres et à leurs maisons, puis vendus comme esclaves de l'autre côté de l'océan.

Martine est une visiteuse et, avec ses collègues, elle faisait partie des touristes qui attendaient d'être emmenés par les guides ce matin-là.
« Chaque fois que je suis à Dakar, je ne manque pas de visiter », dit-elle à Afrique Renouveau.
Elle fait partie des 500 000 visiteurs annuels, dont beaucoup viennent de l'extérieur du continent.
Toutefois, ces derniers temps, de plus en plus de touristes viennent de l'intérieur du continent africain.
Martine est elle-même originaire du Bénin et fait partie du nombre croissant de visiteurs du continent.
« C'est notre histoire et je ne me lasserai jamais de visiter l'un des lieux les plus emblématiques du littoral ouest-africain pour nous rappeler à quel point cette histoire a été tragique », déclare-t-elle.
Emblématique, en effet, estime Eloi Coly. Pourtant, aussi emblématique que soit l'île, la mémoire de Gorée ne peut être réduite à un musée statique : « L'île entière doit rester un lieu dynamique et en constante évolution ».
On estime à 2 000 le nombre de personnes vivant sur l'île, où les voitures sont interdites. Son paysage architectural présente des styles de construction représentant les différentes occupations et époques coloniales des Portugais, des Français, des Hollandais et des Anglais.
Pour M. Coly, la gestion du site, tout en préservant la mémoire et en répondant aux besoins actuels en matière d'habitat, est un défi quotidien.
La plupart des terrains sont publics et, en tant que site du patrimoine mondial, Gorée est soumis à des codes stricts qui déterminent son développement urbain.
« Tout changement non conforme aux critères qui ont conduit à sa classification en tant que site du patrimoine mondial de l'UNESCO risque de compromettre son statut », explique-t-il.
Une rigueur qui entre parfois en conflit avec les besoins des habitants. « Nous sommes sur une île vivante. Les gens ont des aspirations et nous devons en tenir compte », souligne-t-il.
Le musée, quant à lui, continue de proposer aux visiteurs des visites guidées traditionnelles.
Ainsi, pour concilier préservation et modernisation, un projet visant à améliorer l'expérience de la Maison des Esclaves est actuellement en cours.
Nous voulons proposer des visites en plusieurs langues et donner accès à des ressources numériques, afin que l'histoire soit accessible partout dans le monde ».
Une autre évolution majeure concerne le récit historique lui-même. Les expositions ne se concentreront plus sur l'arrivée des Européens sur le continent, mais souligneront plutôt que « la vie et les cultures avant la traite des esclaves étaient vivantes et méritent d'être racontées », explique M. Coly.

L'UNESCO a également récemment modifié sa terminologie, passant de la « Route de l'esclave » à la « Route des peuples asservis ». Un changement qui réaffirme que « personne ne naît esclave », souligne M. Coly.
Transmettre la mémoire : un défi pédagogique et universel
La mémoire de Gorée ne saurait perdurer sans être transmise. C'est pourquoi l'éducation joue un rôle central dans la démarche du site.
« Au Sénégal, la traite négrière et l'esclavage sont intégrés dans les programmes scolaires. Les écoles doivent venir sur l'île dans le cadre de leurs cours extra-muros », explique M. Coly. Mais avec l'afflux massif de visiteurs - jusqu'à 1 500 élèves par jour - il est urgent de mieux organiser ces visites.
Au fil des ans, les visites de personnalités ont également contribué à renforcer le message universel de Gorée. Lorsque le pape Jean-Paul II s'est rendu sur l'île en 1992, il a présenté ses excuses au nom de l'Europe et a dénoncé les religieux qui avaient béni les navires négriers, se souvient M. Coly.
Vingt et un ans plus tard, Barack Obama, alors président des États-Unis, s'est également rendu sur l'île.
Assurer l'avenir : Souvenir, patrimoine et survie
M. Coly estime que la préservation de la mémoire de Gorée nécessite une vision à long terme. L'inclusion de l'île dans la Coalition internationale des sites de conscience a permis d'obtenir des fonds, notamment de la Fondation Ford, pour son projet de revitalisation. Mais au-delà des fonds, un plus grand défi se profile à l'horizon : assurer l'avenir.
« La mémoire ne peut être préservée que si elle est transmise », déclare M. Coly. « Nous devons assurer un continuum car personne n'est éternel. L'objectif est de former de nouvelles générations de guides et de conservateurs capables de perpétuer l'histoire de Gorée avec justesse et engagement.
« Parce que Gorée, ce n'est pas seulement le Sénégal, poursuit-il, c'est un patrimoine qui appartient à l'humanité tout entière. Préserver Gorée, c'est préserver une mémoire collective, sensibiliser les générations futures et faire en sorte que les leçons du passé ne soient jamais oubliées ».