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L'Afrique et l'intelligence artificielle : promesses, risques et perspectives

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L'Afrique et l'intelligence artificielle : promesses, risques et perspectives

Pour un continent où 70 % de la population a moins de 30 ans et qui devrait représenter un quart de la population mondiale d'ici 2050, la question n'est pas de savoir si l'IA va transformer l'Afrique, mais comment.
2025-09-29
A BBC Town Hall in partnership with the UN brought together ministers, policymakers, and young leaders to discuss one of the most pressing issues of our time: artificial intelligence (AI).
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La réunion publique organisée par des Nations Unies en partenariat avec l'émission Focus on Africa de la BBC a réuni ministres, décideurs politiques et jeunes leaders afin de débattre de l'une des questions les plus urgentes de notre époque : l'intelligence artificielle (IA).
Tyreese Nacho/Lens on Life Project
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Lors de l'Assemblée générale des Nations unies, les dirigeants ont débattu de l'IA responsable. L'émission Focus on Africa de la BBC s'est penchée sur la question de savoir si l'Afrique, qui devrait accueillir un quart de la population mondiale d'ici 2050

Lors de l'Assemblée générale des Nations Unies à New York, un débat public organisé par des Nations Unies en partenariat avec l'émission Focus on Africa de la BBC a réuni des ministres, des décideurs politiques et de jeunes leaders pour débattre de l'une des questions les plus urgentes de notre époque : l'intelligence artificielle (IA).

« L'Afrique dispose aujourd'hui du plus grand réservoir de talents au monde », remarqua Ahunna Eziakonwa, Directrice du Bureau régional du PNUD pour l'Afrique, en introduisant la discussion et en évoquant une conversation avec un collègue qui lui est restée en mémoire. « L'Afrique pourrait et devrait être le centre de raffinage des données du monde », avait également fait remarquer son collègue.

Elle a mentionné l'initiative Timbuktu, lancée pour soutenir l'écosystème des start-ups africaines. « En seulement 18 mois, nous comptons désormais 170 start-ups dans 45 pays africains, créant dans tous les secteurs verticaux liés aux ODD, non seulement dans les technologies financières, mais aussi dans les technologies de la santé et les technologies agricoles. »

Développer compétences et infrastructures

La Ministre marocaine de la Transition numérique et de la Réforme administrative, Amal El Fallah Seghrouchni, souligna les efforts nationaux visant à renforcer les capacités en matière d'IA : « Nous avons mis en place de nombreux programmes de formation, de perfectionnement et de reconversion dans le domaine de l'IA... Nous finançons de nombreux doctorants afin qu'ils mènent des recherches concrètes dans le domaine de l'IA et de l'algorithmique. »

Elle a également décrit les écoles U Code comme des « écoles de la deuxième chance » pour les personnes qui ont connu des difficultés dans l'enseignement traditionnel, mais qui peuvent acquérir de nouvelles compétences en IA, et a souligné l'importance de l'inclusion des langues africaines : « En Afrique, nous avons de nombreux dialectes qui ne sont pas traités par les modèles existants. Nous devons travailler là-dessus. »

Bosu Tijani, Ministre nigérian des Communications, de l'Innovation et de l'Économie numérique, a, lui, insisté sur le caractère incontournable des infrastructures : « Nous formons 3 millions de talents dans la technologie; dont 4% en IA et l'apprentisage automatique. Et d'ajouter: « chaque fois que nous formons sans fournir l'environnement propice et la capacité d'absorption, ces jeunes n'auront pas la possibilité de participer. » Il a ajouté que malgré la formation, les besoins actuels de son pays en matière de connectivité doivent être soutenus pour permettre le développement de l'IA. « C'est pourquoi nous investissons 2 milliards de dollars dans 90 000 kilomètres de réseau de fibre optique. »

Allié ou ennemi ? Les préoccupations des citoyens

Avant la réunion publique, la BBC demanda à des jeunes sur le continent s'ils considéraient l'IA comme une alliée ou une ennemie. Le panel et le public ont écouté l'enregistrement de trois d'entre eux. 

« L'IA est un outil et, comme nous le savons tous, un outil peut être utile, mais entre de mauvaises mains, il peut être utilisé à des fins néfastes. Ma plus grande inquiétude concerne nos dirigeants africains : sont-ils prêts à adopter cette IA et à l'utiliser à bon escient plutôt qu'à mauvais escient ? », s'est interrogé l'un des trois.

Pour les deux autres : « Les instances dirigeantes sont-elles prêtes à réglementer l'IA afin de respecter les valeurs et la culture africaines sur le plan éthique ? Cela va réduire le nombre de personnes dans certaines industries. Quel type de politique allez-vous mettre en place pour aider ces personnes à continuer à exercer leur expertise ? »

Bosu Tijani a calmé les craintes de chômage de masse : « L'Afrique ne devrait pas s'inquiéter des pertes d'emplois liées à l'IA... Nous devrions nous concentrer sur les gains d'emplois, car ce continent devrait accueillir 40 % de la population jeune. La main-d'œuvre de demain sera basée en Afrique. »

Nthanda Maduwi, Fondatrice et Directrice générale de la Ntha Foundation, l'autre participante au panel, a pris une position plutôt provocatrice : « Dans le cas particulier de l'Afrique, les pertes d'emplois pourraient être une bonne chose. La plupart des emplois que nous avons créés étaient des emplois administratifs : gestion des fonds des donateurs, rédaction d'un nombre excessif de rapports. L'IA pourrait peut-être s'en charger, et ce serait une bonne chose. »

Réglementer ou ne pas réglementer…

En réponse à certaines préoccupations liées à la sécurité, Maduwi estime qu'il ne faut pas se précipiter « pour réglementer ce que nous n'avons pas créé ou ne comprenons pas. Sinon, la réglementation ne servira pas les intérêts du pays, mais servira uniquement à rédiger des propositions pour obtenir des fonds de la part des bailleurs de fonds ».

 Bosun Tijani et Amal El Fallah Seghrouchni ont répondu : « La réglementation est nécessaire, car l'IA n'est pas locale. Chaque fois que vous utilisez des outils provenant de l'extérieur, vous avez besoin d'une réglementation, même si vous ne créez pas d'IA », a insisté la ministre marocaine. 

Les membres du public ont souligné que le financement constituait un obstacle majeur. Maduwi a fait remarquer : « Seulement 0,5 % de tous les fonds de capital-risque ont été attribués à des fondateurs noirs. C'est horrible. Il y a beaucoup d'argent dans le monde, mais il ne vient pas en Afrique. »

Les panélistes ont convenu que les investisseurs africains doivent montrer la voie. Ahunna Eziakonwa a déclaré : « Si les investisseurs africains ne valorisent pas cet espace et n'y investissent pas, les investisseurs extérieurs ne penseront pas qu'il y a de la valeur à y trouver. »

Nthanda Maduwi a parlé franchement de la nécessité d'une réforme de l'éducation : « Notre système éducatif est encore obsolète. Nous formons des administrateurs publics, pas des innovateurs. L' Asie a formé sa génération à être créative. Si des centaines de millions de jeunes Africains créaient des entreprises, nous pourrions alors avoir un continent qui participe aux échanges mondiaux. »

Les intervenants ont conclu la réunion publique en soulignant que les défis de l'Afrique devaient être considérés comme des opportunités pour concevoir des solutions. Ils ont fait remarquer que les points d'entrée dans le domaine de l'intelligence artificielle devenaient plus accessibles, encourageant ainsi les jeunes à participer à l'évolution du secteur.

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